Le musée de la musique possède actuellement une importante collection de 285 instruments de musiques du Xxème siècle. Constitué depuis la création du musée, ce corpus s’est enrichi au cours des ans de modèles de plus en plus complexes dans l’architecture électronique.
Comme tout musée, nous avons le devoir de favoriser la conservation de ce patrimoine. Or, même si la restauration et la conservation des instruments de musique est une discipline ancienne et raisonnée, il en est tout autrement pour ceux du Xxème siècle encore méconnus et peu étudiés en conservation.
Le musée a donc entrepris depuis deux ans l’étude des instruments pour améliorer les conditions de conservation des instruments électroacoustiques en commençant par le fond d’ondes Martenot à l’aide d’un groupe de travail composé d’un musicien, d’un collectionneur , d’un électronicien et d’un conservateur-restaurateur. Notre intention était de définir une démarche type applicable ensuite aux autres instruments Xxème et d’estimer les restaurations nécessaires.
Sur ce corpus, la première étape documentaire consiste à rassembler toutes les informations, documents et schémas nécessaires à la compréhension de l’instrument mais aussi à son jeu. En effet, nous avons déjà pu constater que la disparition de cette documentation rendait la restauration ou le jeu extrêmement difficiles, voir impossibles.
Puis, nous avons procédé à un état des lieux en observant chaque élément un par un pour les classer par typologie et par ensembles puisque une onde Martenot se compose de plusieurs éléments tels que le clavier, le diffuseur principal, le diffuseur métallique et une palme.
Nous avons également tenté de retrouver les connectiques correspondantes.
Nous avons ainsi pu établir une liste des ondes complètes et des éléments manquants afin de pouvoir procéder, si nécessaire, à leur acquisition puis à la restauration de ces instruments.
Enfin, nous avons effectué une première estimation de l’état de jeu des instruments.
Grâce à ce travail nous sommes aujourd’hui en mesure de poser diverses questions liées à leur restauration et conservation.
Nous proposons donc, lors de l’intervention, de présenter ce travail et fort de cet exemple, d’évoquer les problèmes que nous rencontrons quand à la conservation de ce corpus : Est-ce que tous les instruments doivent rester en état de marche ? Est-ce qu’une mise sous tension systématique des instruments en état de jeu est nécessaire, avec quelle fréquence et selon quel protocole ? Devons-nous dores et déjà acquérir les composants de rechange pour constituer un stock ? Pouvons-nous, tout en respectant la déontologie, substituer certains éléments ou devons-nous considérer ces instruments comme une entité immuable originale ? La fonctionnalité prime-t-elle sur l’objet ?
C’est en développant toutes ces questions que nous souhaitons montrer la complexité de conserver et restaurer ces instruments dans un cadre muséographique conciliant les contraintes déontologique et le maintien de leur fonctionnalité existante.