Abstract
Around 1930, French engineers Armand Givelet and Eloi Coupleux used to build the first electronic organ in History, which is rediscovered today. This enormous and complex instrument, made of hundreds of vacuum tube oscillators, attempted to set the young electronic synthesis in the conservative universe of occidental classic and religious music. With the help of famous musicians and journalists, the instrument soon got an amazing reputation and several Coupleux-Givelet organs were installed in churches and auditoriums in France between 1931 to 1934.
Brought by the new technology, the confrontation between the synthetic and acoustic way of producing organ music created a rich debate in the scientific, musical and even religious circles. On the technical front, actually, the Coupleux-Givelet Organ combining additive and subtractive synthesis opened the way of polyphonic synthesis and artificial timbres, and enhanced the possibilities of sonic spatialisation and musical broadcasting. In an artistic perspective, moreover, it aroused many essential thoughts about the main issues of XXth century’s electronic music.
Résumé
La machine contre l’instrument - débats autour de l’invention de l’orgue électronique 1930-1935
Au tournant de 1930, la collaboration des inventeurs français Armand Givelet et Éloi Coupleux donne naissance au premier orgue électronique de l’Histoire, aujourd’hui redécouvert. Cet instrument volumineux réunissant des centaines de circuits oscillants à lampes, construit en petite série dès 1931, constitue une première et ambitieuse tentative de faire pénétrer la synthèse électronique dans l’univers de la musique savante et de la musique sacrée.
Très exposé médiatiquement entre 1932 et 1934, l’orgue électronique s’installe dans plusieurs églises et auditoriums de France en défrayant la chronique : à travers le choc de la confrontation qu’il induit entre le synthétique et l’acoustique, on découvre les interrogations d’ordres technologique, esthétique et moral qui parcourent les milieux scientifiques et religieux, divisent les musiciens et les facteurs d’orgues.
Sur le plan technique, il est vrai, la conception de l’orgue électronique Coupleux-Givelet marque une rupture et prépare (avec une certaine avance) l’avènement de la musique synthétique. Il constitue l’acte de naissance de la synthèse électronique polyphonique et des timbres artificiels, tout en élargissant les possibilités de la spatialiation sonore et de la musique radiodiffusée.
D’un point de vue artistique, ensuite, il suscite un fécond débat d’idées où se trouvent inscrites en germe les problématiques portées par la musique électronique tout au long du second XXe siècle.