L’analyse de la musique informatique dévoile une trajectoire d’études rarement rectiligne, qui a provoqué la mise au point d’une approche d’analyse "à tenaille", tenant compte soit de l’écoute soit des partitions informatiques. Avec cette méthode on souhaite enrichir la vision personnelle que l’analyste développe en écoutant la musique informatique, avec l’objectivité des sonogrammes et la connaissance approfondie des donnés informatiques. La nécessité de considérer les deux approches en parallèle trouve sa justification dans le désir de comprendre quelle est la relation entre ce qu’on écoute et la façon dans laquelle il a été réalisé. L’analyse poïétique permet des nouvelles connaissances du timbre, en montrant des éléments non pas évidents à l’écoute. Certes, la pure donnée informatique doit être accompagnée par une certaine connaissance (solfège) de l’effet ou du timbre qu’il produit. C’est pour cela que l’analyse utilise le logiciel Csound pour reconstruire les principaux instruments des oeuvres.
La méthodologie proposée trouve son application dans l’analyse de l’oeuvre Winter leaves pour bande seule, réalisée en 1980 par Mauro Graziani au Centro di Sonologia Computazionale de Padoue. Différents degrés d’approfondissement de cette méthode sont possibles selon la quantité de documentation dont on dispose. Cette étude engendre des réflexions sur la situation des archives documentaires. Le mythe de la musique "pour l’écoute et par l’écoute" a fait oublier même aux compositeurs la nécessité de sauvegarder les fichiers et les impressions des calculs des ordinateurs. L’urgence de la récupération de ce type de matériaux est encore plus pressante si l’on veut aboutir à comprendre plus en profondeur ce monde hybride, là où la technologie rencontre l’art.
Other article(s) of the same author
The critical editing of computer music
The identity of musical work : makers and processes of the electro-acoustic music