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Harmonic profile: typology and notation

Jean-Louis Di Santo

Jean-Louis Di Santo, SCRIME, Bordeaux, France
jean-louis.di-santo@wanadoo.fr

Article

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Abstract

Pierre Schaeffer, dans le TARSOM, avait déterminé 7 catégories de sons du point de vue de leur richesse harmonique : pur, tonique, groupe tonique, cannelé, nœud, groupe nodal et frange. Il leur ajoutait les qualités de sombre ou clair et de riche ou pauvre. Ces catégories avaient été établies en partant de l’expérience sensorielle et répondaient aux exigences d’une démarche de pionnier. Elles constituaient la première tentative de description et classification du son d’un point de vue phénoménologique. Cela représente une trentaine de possibilités de ce que j’ai appelé « profil harmonique » (EMS06).
J’ai repris ces catégories en les symbolisant graphiquement dans la notation servant d’interface à l’acousmoscribe (EMS09), mais la nécessité s’est faite sentir de les affiner pour augmenter la précision de la description du son, favoriser leur écoute intérieure et leur utilisation comme paramètre de composition. Dans un premier temps la méthode perceptivo-analytique, si je puis dire, semblait être la seule voie possible : réaliser une collection de sons, les trier et les classer afin de définir une typologie. Mais la transcription diasémique n’est pas neutre : le signe libère la pensée et porte en lui sa propre logique. Il permet de s’abstraire des contingences empiriques. De cette façon, la démarche se renverse et, au lieu de partir du son pour arriver au signe, avec le risque de multiplier les symboles au point de les rendre illisibles ou difficiles à mémoriser de par leur nombre même, il est possible d’explorer le signe de façon systématique, de le pousser dans ses potentialités, et d’y accoler ensuite les sons qui lui correspondent. Mais ce n’est pas tout : le signe, libéré des contraintes de la perception et atteignant le concept pur, devient un outil performant pour concevoir des sons qui n’existent pas dans notre environnement et qu’aucun synthétiseur ne peut actuellement produire, des sons inouïs suivant la formule consacrée.
Je présenterai, lors de l’EMS, le résultat de mes recherches : 40 000 possibilités de signes très simples et faciles à comprendre qui représentent uniquement le paramètre profil harmonique, dont un tiers environ de sons inouïs. Ces signes serviront de base symbolique à la future version de l’acousmoscribe (logiciel ayant pour visées principales la composition, la notation et l’analyse musicale). A la manière du solfège, ces signes découpent le continuum sonore de façon scalaire ; à sa différence, en définissant des catégories et non des points, ils le recouvrent entièrement.
De même que toutes les combinaisons de syllabes ne donnent pas forcément des mots qui ont un sens, certaines combinaisons de symboles peuvent ne pas renvoyer à un son : s’il s’avère par la suite que les occurrences du signe dépassent les performances de l’oreille humaine, cela sera la garantie d’une extrême précision dans la notation du son.

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